Étape précédente
Petite vidéo pour la fin
Voir la carte
Notre train est en fin d’après midi. Nous profitons de cette journée pour nous balader dans Sivas. C’est une ville d’environ 200.000 habitants. On pourrait dire qu’elle marque une frontière entre l’Ouest et l’Est de la Turquie. Ville située sur la route de la soie, ses nombreux caravansérails, qui ont été longtemps laissés à l’abandon sont en cours de restauration. Une grande place forme le centre. On y voit beaucoup de piétons. Les femmes portant le voile semblent plus nombreuses que dans les autres villes que nous avons traversées. Mais on y voit aussi beaucoup de jeunes femmes en tenues tout à fait « branchées ». Hier soir nous étions dans un bar où l’alcool est autorisé, les jeunes filles étaient relativement nombreuses. On s’aperçoit bien ici en Turquie et notamment dans les villes qu’il y a une cohabitation qui semble ne pas poser de problème entre les femmes voilées et les autres. On observe par exemple des groupes de filles qui se tiennent par le bras, l’une est voilée, l’autre pas…
Un dernier tour dans le bazar pour acheter quelques loukoums pour le train et nous nous dirigeons vers la gare. Le train prévu vers 16 H 45 a déjà une heure de retard. Il arrive de Kars, ville proche de la frontière géorgienne. En principe nous devons arriver demain en début d’après midi à Istanbul. Sur le quai beaucoup de monde attend, visiblement personne n’est surpris par le retard. Lorsque le train entre en gare, nous montons nos vélos dans le wagon de tête qui prend les marchandises, c’est le « wagon cargo », pour un prix modique environ 8 €/vélo. Ah si en France la SNCF avait gardé ses fourgons ce serait simple de mettre nos vélos dans les trains.
Ce train qui traverse la Turquie d’Est en Ouest fait partie de ces trains mythiques. À partir de Sivas nous sommes sur la ligne commune qui relie Téhéran à Istanbul, le célèbre Trans Asia. Ce sont des trains qui ont quasiment disparu en Europe. Il y a un vrai wagon restaurant, avec d’immenses vitres qui permettent de regarder le paysage défilé.
Video Trans Asia
Dans notre compartiment couchettes, il y a seulement quatre couchettes et apparemment nous sommes seuls…plus loin il y a le sleeping car, un cran au dessus, deux places, un lavabo bref le grand confort. Un prix modique, nous payons environ 18 euros notre trajet Sivas Istanbul.
Ces trains font rêver. Ils font penser aux récits du transsibérien que Blaise Cendrars a écrit ou encore au Trans Europe Express et sa madone des sleepings. Voyager dans ces trains c’est découvrir une autre manière de connaître un pays, de rencontrer des gens. Le train est lent, comme un bateau il nous laisse du temps pour rêvasser. Se dire tient Téhéran est tout prêt et après Téhéran c’est quoi ? Le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan…l’Afghanistan, le Pamir, la chaîne himalayenne…on s’évade vers l’Orient. Ce sont les récits de Nicolas Bouvier ou ceux d’Elia Maillard. Les cavaliers de Kessel galopent dans les hautes vallées afghanes. Sans oublier bien sûr mon livre de chevet « La longue marche » de Bernard Ollivier. Maintenant j’ai parcouru à vélo une route qui va de l’embouchure de la Loire au delta du Danube qui se prolonge vers Varna et Istanbul pour aujourd’hui se terminer à Sivas. C’est un long tracé de presque 7.000 Km qui suit les grands fleuves européens, Loire, Rhin, Danube qui débouche sur la Mer Noire et rejoint la route de la soie à Istanbul.
Alors nous y voilà de nouveau sur la route de la soie qui déroule son long fil, on pourrait dire ses longs fils car il y a plusieurs routes de la soie, à travers le continent asiatique. En 1998, j’avais parcouru en bus et en train la célèbre route des caravanes entre Islamabad et Pékin. Il me manque maintenant ce chaînon manquant entre l’Est de la Turquie et la ville de Kashgar dans le Xinjiang…je ne peux m’empêcher d’y penser. Faire cette liaison ce n’est pour le moment non pas un rêve mais un projet qu’il faut explorer. Les difficultés sont nombreuses et elles ne sont pas minces ! Cette première partie du parcours n’est que la plus facile. Aller plus loin vers l’Est est une autre affaire, notamment en raison des conflits géopolitiques. Retourner au Pakistan aujourd’hui ne me semble pas raisonnable. Ne parlons pas de l’Afghanistan ! Il reste ce passage de la route des caravanes par Samarkand pour tenter de rejoindre ou Kashgar ou Alma Ata et aller vers Urumqi, Tourfan bref toutes ces villes que j’avais visitées il y a maintenant 13 ans…le lien serait fait...mais là je m’évade…
Ce second grand voyage à vélo aura été un émerveillement. Loin des difficultés des dix premiers jours, l’arrivée à Istanbul aura été salutaire.
D’abord elle nous aura permis à Claude et à moi-même de nous reposer physiquement et puis de rebondir. L’accueil des turcs a été une grande et belle surprise nulle part ailleurs je n’ai connu cela. Le voyage à pied ou le voyage à vélo sont des moyens de déplacements qui amènent ces rencontres, qui facilitent cet accueil. Les gens sont curieux. Ils aiment savoir d’où l’on vient, où l’on va. Et puis tout de suite les turcs nous offrent ou du thé ou des fruits…le contact est chaleureux.
Contrairement à l’an passé où l’itinéraire empruntait des voies cyclables sur près de 80 % du parcours, cet itinéraire qui nous a conduit de Constantza en Roumanie à Sivas en Turquie s’est déroulé uniquement sur des voies routières souvent à grande circulation. Au début ce contexte est difficile. On est stressé, on craint les frôlements des camions lors des déplacements et puis progressivement on s’habitue. À aucun moment je ne me suis senti en danger. Je dois dire que les conducteurs turcs dans l’ensemble ont une conduite correcte ; en général ils s’écartent bien lorsqu’ils nous dépassent. Le réseau routier turc est également très bon. Les routes sont larges, bien entretenues. On a également pu rouler sur des petites routes où nous étions tranquilles. Itinéraires où nous arrivions dans des petits villages où peu de voyageurs s’arrêtent c’est là l’intérêt des voyages à vélo c’est aller dans des lieux où personne ne va. On entre alors en plein cœur de la vie d’un pays.
Un voyage se termine. C’est avec une certaine nostalgie qu’hier en gare de Sivas j’ai monté mon vélo dans le train. J’aurais bien aimé continuer, aller un peu plus loin. Mais Claude pour des raisons notamment familiales et tout à fait légitimes souhaitait rentrer. Je n’aurais pas continué tout seul, je ne m’en sens pas capable. Mais c’est aussi avec beaucoup de bonheur que je reviens en France. Ce voyage nous le reprendrons, nous le continuerons. C’est en quelque sorte un premier tome qui a été écrit. Pour l’heure, je vais poser mes sacoches. Depuis un an et demi que je suis à la retraite, j’ai beaucoup bougé. Il est temps de faire une petite pause. J’aimerais bien faire un travail de réécriture des blogs et de toutes les notes que j’ai pu écrire sur ce parcours qui m’a mené de St Nazaire l’an dernier à Sivas aujourd’hui. Pour cela il me faut du temps. Ce temps j’en dispose. Alors j’espère dans quelques mois publier un récit des ces grands et petits moments de bonheur que j’ai vécus sur ces beaux parcours.
Je veux dire également merci à tous les ami(e)s et à tous les membres de ma famille qui nous ont suivis grâce au blog. Beaucoup m’ont écrit en disant que nous les faisions rêver. À quelqu’un qui mettait en doute la réalité du voyage que Blaise Cendrars disait avoir réalisé sur le Transsibérien, celui-ci répondait : « L’important ce n’est pas de savoir si j’ai réalisé ce voyage, non l’important c’est de vous avoir fait voyager… »
Je suis donc très heureux en concluant ce voyage de vous avoir transmis une part de rêve et une part de bonheur.
Petite vidéo pour la fin
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Notre train est en fin d’après midi. Nous profitons de cette journée pour nous balader dans Sivas. C’est une ville d’environ 200.000 habitants. On pourrait dire qu’elle marque une frontière entre l’Ouest et l’Est de la Turquie. Ville située sur la route de la soie, ses nombreux caravansérails, qui ont été longtemps laissés à l’abandon sont en cours de restauration. Une grande place forme le centre. On y voit beaucoup de piétons. Les femmes portant le voile semblent plus nombreuses que dans les autres villes que nous avons traversées. Mais on y voit aussi beaucoup de jeunes femmes en tenues tout à fait « branchées ». Hier soir nous étions dans un bar où l’alcool est autorisé, les jeunes filles étaient relativement nombreuses. On s’aperçoit bien ici en Turquie et notamment dans les villes qu’il y a une cohabitation qui semble ne pas poser de problème entre les femmes voilées et les autres. On observe par exemple des groupes de filles qui se tiennent par le bras, l’une est voilée, l’autre pas…
Un dernier tour dans le bazar pour acheter quelques loukoums pour le train et nous nous dirigeons vers la gare. Le train prévu vers 16 H 45 a déjà une heure de retard. Il arrive de Kars, ville proche de la frontière géorgienne. En principe nous devons arriver demain en début d’après midi à Istanbul. Sur le quai beaucoup de monde attend, visiblement personne n’est surpris par le retard. Lorsque le train entre en gare, nous montons nos vélos dans le wagon de tête qui prend les marchandises, c’est le « wagon cargo », pour un prix modique environ 8 €/vélo. Ah si en France la SNCF avait gardé ses fourgons ce serait simple de mettre nos vélos dans les trains.
Ce train qui traverse la Turquie d’Est en Ouest fait partie de ces trains mythiques. À partir de Sivas nous sommes sur la ligne commune qui relie Téhéran à Istanbul, le célèbre Trans Asia. Ce sont des trains qui ont quasiment disparu en Europe. Il y a un vrai wagon restaurant, avec d’immenses vitres qui permettent de regarder le paysage défilé.
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Dans notre compartiment couchettes, il y a seulement quatre couchettes et apparemment nous sommes seuls…plus loin il y a le sleeping car, un cran au dessus, deux places, un lavabo bref le grand confort. Un prix modique, nous payons environ 18 euros notre trajet Sivas Istanbul.
Ces trains font rêver. Ils font penser aux récits du transsibérien que Blaise Cendrars a écrit ou encore au Trans Europe Express et sa madone des sleepings. Voyager dans ces trains c’est découvrir une autre manière de connaître un pays, de rencontrer des gens. Le train est lent, comme un bateau il nous laisse du temps pour rêvasser. Se dire tient Téhéran est tout prêt et après Téhéran c’est quoi ? Le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan…l’Afghanistan, le Pamir, la chaîne himalayenne…on s’évade vers l’Orient. Ce sont les récits de Nicolas Bouvier ou ceux d’Elia Maillard. Les cavaliers de Kessel galopent dans les hautes vallées afghanes. Sans oublier bien sûr mon livre de chevet « La longue marche » de Bernard Ollivier. Maintenant j’ai parcouru à vélo une route qui va de l’embouchure de la Loire au delta du Danube qui se prolonge vers Varna et Istanbul pour aujourd’hui se terminer à Sivas. C’est un long tracé de presque 7.000 Km qui suit les grands fleuves européens, Loire, Rhin, Danube qui débouche sur la Mer Noire et rejoint la route de la soie à Istanbul.
Alors nous y voilà de nouveau sur la route de la soie qui déroule son long fil, on pourrait dire ses longs fils car il y a plusieurs routes de la soie, à travers le continent asiatique. En 1998, j’avais parcouru en bus et en train la célèbre route des caravanes entre Islamabad et Pékin. Il me manque maintenant ce chaînon manquant entre l’Est de la Turquie et la ville de Kashgar dans le Xinjiang…je ne peux m’empêcher d’y penser. Faire cette liaison ce n’est pour le moment non pas un rêve mais un projet qu’il faut explorer. Les difficultés sont nombreuses et elles ne sont pas minces ! Cette première partie du parcours n’est que la plus facile. Aller plus loin vers l’Est est une autre affaire, notamment en raison des conflits géopolitiques. Retourner au Pakistan aujourd’hui ne me semble pas raisonnable. Ne parlons pas de l’Afghanistan ! Il reste ce passage de la route des caravanes par Samarkand pour tenter de rejoindre ou Kashgar ou Alma Ata et aller vers Urumqi, Tourfan bref toutes ces villes que j’avais visitées il y a maintenant 13 ans…le lien serait fait...mais là je m’évade…
Ce second grand voyage à vélo aura été un émerveillement. Loin des difficultés des dix premiers jours, l’arrivée à Istanbul aura été salutaire.
D’abord elle nous aura permis à Claude et à moi-même de nous reposer physiquement et puis de rebondir. L’accueil des turcs a été une grande et belle surprise nulle part ailleurs je n’ai connu cela. Le voyage à pied ou le voyage à vélo sont des moyens de déplacements qui amènent ces rencontres, qui facilitent cet accueil. Les gens sont curieux. Ils aiment savoir d’où l’on vient, où l’on va. Et puis tout de suite les turcs nous offrent ou du thé ou des fruits…le contact est chaleureux.
Contrairement à l’an passé où l’itinéraire empruntait des voies cyclables sur près de 80 % du parcours, cet itinéraire qui nous a conduit de Constantza en Roumanie à Sivas en Turquie s’est déroulé uniquement sur des voies routières souvent à grande circulation. Au début ce contexte est difficile. On est stressé, on craint les frôlements des camions lors des déplacements et puis progressivement on s’habitue. À aucun moment je ne me suis senti en danger. Je dois dire que les conducteurs turcs dans l’ensemble ont une conduite correcte ; en général ils s’écartent bien lorsqu’ils nous dépassent. Le réseau routier turc est également très bon. Les routes sont larges, bien entretenues. On a également pu rouler sur des petites routes où nous étions tranquilles. Itinéraires où nous arrivions dans des petits villages où peu de voyageurs s’arrêtent c’est là l’intérêt des voyages à vélo c’est aller dans des lieux où personne ne va. On entre alors en plein cœur de la vie d’un pays.
Un voyage se termine. C’est avec une certaine nostalgie qu’hier en gare de Sivas j’ai monté mon vélo dans le train. J’aurais bien aimé continuer, aller un peu plus loin. Mais Claude pour des raisons notamment familiales et tout à fait légitimes souhaitait rentrer. Je n’aurais pas continué tout seul, je ne m’en sens pas capable. Mais c’est aussi avec beaucoup de bonheur que je reviens en France. Ce voyage nous le reprendrons, nous le continuerons. C’est en quelque sorte un premier tome qui a été écrit. Pour l’heure, je vais poser mes sacoches. Depuis un an et demi que je suis à la retraite, j’ai beaucoup bougé. Il est temps de faire une petite pause. J’aimerais bien faire un travail de réécriture des blogs et de toutes les notes que j’ai pu écrire sur ce parcours qui m’a mené de St Nazaire l’an dernier à Sivas aujourd’hui. Pour cela il me faut du temps. Ce temps j’en dispose. Alors j’espère dans quelques mois publier un récit des ces grands et petits moments de bonheur que j’ai vécus sur ces beaux parcours.
Je veux dire également merci à tous les ami(e)s et à tous les membres de ma famille qui nous ont suivis grâce au blog. Beaucoup m’ont écrit en disant que nous les faisions rêver. À quelqu’un qui mettait en doute la réalité du voyage que Blaise Cendrars disait avoir réalisé sur le Transsibérien, celui-ci répondait : « L’important ce n’est pas de savoir si j’ai réalisé ce voyage, non l’important c’est de vous avoir fait voyager… »
Je suis donc très heureux en concluant ce voyage de vous avoir transmis une part de rêve et une part de bonheur.