jeudi 29 septembre 2011

29 septembre : Cihanbeyli - Sultanhanli ; 104 Km


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Et bien aujourd’hui on aura battu des records ! L’étape la plus longue et la plus rapide, 104 km à plus de 21 km/h de moyenne… Le vent toujours lui était avec nous et la route était plate. Ici Jacques Brel aurait pu écrire le Plat Pays en chantant non pas les « clochers comme uniques montagnes ou comme mâts de cocagnes » mais les « minarets …etc … » 


Un horizon infini, une route rectiligne, plate. Le vent dans le dos quoi de mieux. Au loin les minarets des villages se détachaient droits dans le ciel, élégants, légers. Points de repère de cet espace on les apercevait à plus de 10 km. 



Et puis hier on parlait des chiens aujourd’hui quelques alertes. La première, un troupeau de moutons à une centaine de mètres, le berger nous fait des grands bonjours, mais en même temps le chien se met à courir vers la route. Le berger avec une longue perche au bout de laquelle il y a une sorte de collet l’empêche de partir ouf pas de souci. Seconde alerte à la sortie d’un tout petit village, trois gros chiens sortent d’une propriété, en aboyant et en courant vers nous…là on fait comme on nous l’a dit on s’arrête, on ne bouge plus je n’en mène pas large, le molosse s’arrête, cesse d’aboyer mais dès que je tente de repartir il court vers moi alors tout doucement j’avance puis enfin profitant du passage d’un camion je repars…c’est clair garder son calme, surtout ne pas tenter d’accélérer cela excite le chien et faire face. Mais ça donne des sueurs froides….



Ce soir nous faisons étape à Sultanhanli. C’est une ville où un ancien caravansérail a été restauré. Nous irons le visiter demain matin. Les caravansérails étaient les lieux d’étape que faisaient les caravaniers lorsqu’ils parcouraient la route de la soie. Ils étaient tous situés à une journée de marche de dromadaires. Soit environ 35 km. À cette époque on parlait en journée dromadaires, c’était l’unité de temps. Les villes qui comportent le nom de han sont toutes des anciens caravansérails. Bernard Ollivier décrit magnifiquement l’histoire des caravansérails dans son ouvrage « La longue marche » qui relate son voyage à pied le long de cette route de la soie qui reliait Istanbul à la Chine. Il suit au plus près cette route, et essaie de faire étape dans ces anciens caravansérails qui pour la plupart ont malheureusement disparu.
Toute une vie sociale et économique s’organisait autour des caravansérails. C’étaient les auberges, les restaurants ce que l’on appelait les Han qui permettaient aux hommes et aux animaux de cheminer sur cette route difficile et souvent à la merci des brigandages.



mercredi 28 septembre 2011

28 septembre : Baltalin - Cihanbeyli ; 102 Km


Une journée comme on les aime ! En marine on aurait largué les ris de la grand’voile, hissé le spi ! Et comme une mer peu agitée notre route à nous était toute tracée, un peu ondulée comme une toute petite houle et un vent de ¾ arrière. On filait notre petit 25 km/h sans forcer.

Hier soir nous avions sorti la petite laine, doudoune et bonnet. À 1200 m, les nuits sont fraîches et ce matin au réveil il ne faisait pas bien chaud. Le café était le bienvenu pour nous réchauffer et même si le soleil brillait, c’est avec la polaire sur le dos que nous avons fait les premiers dix km.
On voit beaucoup de tracteurs travailler dans les champs. Les immenses parcelles où poussent le blé ont parfois été brûlées les agriculteurs préparent le terrain avant l’hiver. Ici l’automne est très court. Les premières gelées ne vont pas tarder et les températures vont rapidement descendre en dessous des -10°.
Nous sommes très vigilants également vis-à-vis des troupeaux de moutons. Ceux-ci sont gardés par des chiens de race Kangal. Ce sont des chiens qui sont dressés pour attaquer les loups ou les ours. Ces chiens sont très féroces. Ils portent un collier en fer clouté afin de ne pas risquer d’être égorgé par les bêtes sauvages. Parfois leurs oreilles et leur queue sont coupés pour éviter le risque de blessure. Les récits des voyageurs qui ont été attaqués par ces chiens sont assez effrayants. Claude a un bâton attaché au cadre du vélo, il a également une bombe lacrymogène. Moi j’ai perdu le bâton que j’avais accroché à mes bagages. Une règle d’or vis-à-vis des chiens, ne pas tenter d’accélérer mais s’arrêter, faire barrage avec son vélo, facile à dire …moi qui ne suis jamais très à l’aise avec les chiens…et surtout, mais à vélo c’est moins fréquent qu’à pied, ne jamais traverser un troupeau. Dès que j’aperçois un troupeau je regarde d’abord s’il y a un berger. Ce matin justement un troupeau se tenait près de la route et j’ai vu le berger qui tenait fermement son chien qui aboyait en notre direction. En plus ces chiens Kangal, se confondent avec les moutons car ils ont un pelage clair. Jusqu’à maintenant et depuis notre départ nous avons croisé des chiens, autres bien sur que les Kangal, mais à aucun moment nous n’avons été ennuyés. Par précaution, nous nous sommes vaccinés contre la rage…mais cela n’empêchera pas des morsures si nous rencontrons des chiens cyclophobes !

 À l’heure du déjeuner, nous nous arrêtons dans un petit village. Tout de suite nous sommes invités à prendre le thé. On vient discuter avec nous, quelques hommes parlent l’allemand. Les enfants passent leur nez devant la porte du café, nous regardant comme des bêtes curieuses. Des étrangers ici et de plus à vélo c’est plutôt rare. On finit notre sandwich kebab et un jeune passe et nous offre de nouveau un thé. Le patron vient à notre table discuter un peu également. À l’heure du redémarrage ce sont des grands saluts qui nous accompagnent.

Le vent dans le dos et sur une route quasiment plate nous avançons vite en direction de Cihanbeyli. À un croisement nous rejoignons la grande nationale qui relit Ankara à Konya et c’est sur une quatre voies que nous terminons notre étape.
Ce soir après le restaurant, nous entrons dans une pâtisserie. Nous choisissons quelques « douceurs » et un homme dont on ne sait pas trop s’il est responsable de ce commerce vient échanger avec nous en anglais. On s’assoit ensemble à une table, on parle de notre voyage à vélo. Il est très admiratif, il fait la traduction aux employés du magasin puis et il nous offre des consommations. Depuis que nous sommes entrés en Turquie je crois que nous n’avons jamais connu une journée où à un moment ou un autre de la journée un turc ne nous ai offert un thé ou quelque nourriture.


27 septembre : Polatli - Baltalin ; 85 Km

Mosquée de Polatli
C’est une étape que l’on pensait facile, plutôt plate …grave erreur ! Polatli est à 875 m mais on va descendre assez souvent puis remonter vers 1200 m pour redescendre etc….on connait la musique ! Épuisant. Le paysage est toujours très beau celui des hauts plateaux et vallonnés à souhait. 
La circulation est plutôt modérée et les conducteurs turcs utilisent beaucoup le klaxon pour nous saluer ou bien nous font des appels de phares ….de ce côté-là c’est plutôt sympa. 
Nous déjeunons à Haymana, une ville qui se situe en haut d’une belle côte de 3 à 4 km et qui monte entre 6 et 10 %. On achète un peu de nourriture dans un market et l’épicière nous invite à déjeuner à l’ombre dans son jardin…

Nous reprenons la route qui monte encore pendant quelques km puis ensuite c’est une longue descente, enfin ! Mais peu après mauvaise surprise la route vient d’être refaite et ce sont des gros graviers qui font office de revêtement. On a l’impression d’être de s’enliser comme dans du sable à la merci de la moindre chute. On roule au maximum au milieu de la chaussée mais les véhicules nous obligent à revenir sur le côté-là où il y a tous les graviers avec le risque de chute. Sans compter la poussière, les projections de gravillons ….
En fin d’après midi et après encore une longue montée nous traversons le village de Yenice. Des hommes attablés aux tables du café nous invitent à prendre le thé….on discute un peu avec eux pour leur demander si nous pouvons rester à dormir dans le village…mais visiblement ils n’ont pas l’air enthousiastes…aussi nous continuons vers le village suivant, Baltalin. Nous demandons à un homme si nous pouvons planter notre tente près du cimetière. Il est d’accord.
Quelques temps après des enfants viennent nous rendre visite puis des villageois. Il y a une petite épicerie, Claude achète quelques provisions mais l’épicier nous amène une assiette avec des tomates, du riz et des courgettes, du fromage, un melon ….on est presque gêné par toute cette générosité. Et cela est fait avec tant de plaisir que nous ne pouvons qu’apprécier toutes ces attentions.

lundi 26 septembre 2011

26 septembre : Beypazari – Polatli ; 80 Km


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Cette étape est un peu une inconnue sur le plan du profil. Nous devons rejoindre la ville de Polatli qui est distante d’environ 110 km. Cela nous parait long et il n’y a quasiment aucun gros village le long de cette route. Aussi nous décidons de prendre deux taxis pour nous transporter vers Akkaya à une vingtaine de km de Beypazari. C’est avec une kangoo et un vieux break R12 que nous partons. Les taxis nous laissent sur le bord de la route avec nos vélos. Nous montons nos sacoches et nous voilà partis.
Le temps est toujours aussi beau, soleil éclatant, ciel tout bleu. Après quelques km sur la route à quatre voies, nous prenons rapidement une petite route sur la droite qui va vers notre destination. Jusqu’au village d’Oltan, nous n’avançons pas très vite. La route monte en faux plat, le revêtement fait de gros graviers n’est pas très roulant et le vent assez faible souffle de face. On fait un gros 8 km/h… à Oltan nous faisons une petite halte dans un café où sont attablés des groupes d’hommes. Apparemment il y a une panne car on nous laisse entendre que ni le café, ni le thé (ce qui est un comble ici en Turquie) ne peuvent être servis. Mais le market adjacent nous permet d’acheter quelques barres de chocolat et un peu de fromage pour la route. Un homme assez âgé avec une petite barbe et coiffé d’un petit bonnet essaie de discuter avec nous…est ce l’imam ?

Nous reprenons notre chemin sur une route maintenant bien roulante. Nous avons changé de direction et le vent nous est favorable. Nous roulons à belle allure dans un paysage de toute beauté. Nous sommes sur le plateau aux alentours de 700 m d’altitude. L’horizon semble sans fin, sans limite. Le blé a été moissonné il y a quelques temps. Les champs sont comme des paillassons. La route est un peu comme une houle de mer, des longues et douces descentes qui permettent avec la vitesse acquise de remonter les pentes qui suivent.










 Les tracteurs travaillent dans les champs et labourent la terre sur des vastes étendues.

Ce sont aussi sur des surfaces importantes des cultures d’oignons, de melons, de piments. Avec d’énormes tuyaux qui tels des gigantesques serpents viennent irriguer les cultures. De nombreuses femmes travaillent dans les champs. Les hommes semblent quasiment absents…c’est l’inverse des terrasses des cafés !

















Vers la mi parcours nous apercevons le long de la route des camps de nomades. Les habitants de ces campements vivent sous des tentes dont certaines font penser à des yourtes. Nous supposons que ce sont des kurdes.











À une trentaine de km de Polatli nous nous arrêtons dans le petit village de Müslüm pour déjeuner.

Nous trouvons des tables à côté de la mosquée où sont attablés quelques hommes. Nous nous installons, l’un des hommes engage la conversation avec nous, regarde notre carte routière. Il s’en va et revient au bout d’un quart d’heure avec quelques tomates, des oignons et un melon qu’il nous offre. J’ai rarement vu une telle hospitalité dans les pays que j’ai pu visiter. On se fait une belle salade de tomates agrémentée d’une vinaigrette que je transporte dans une petite fiole avec le sel et le poivre. Le café fait avec la cafetière italienne que j’ai eu l’idée d’emporter vient clôturer ce bon déjeuner à l’ombre d’une tonnelle…
La côte pour repartir est un peu difficile à monter, puis la route descend longuement toujours dans ce paysage de douces collines qui parfois me font penser au plateau de l’Aubrac. L’hiver ici quand le vent d’Est souffle, sans arbre, sans haie pour l'arrêter la vie doit être difficile.
Polatli n’est plus qu’à 8 km mais la route commence à s’élever assez durement, au début je croyais que cela serait assez court mais finalement c’est un col de 5 km qu’il faut monter. Au sommet comme dans de très nombreuses villes de Turquie, ce sont les monstrueuses barres d’immeubles type HLM que nous apercevons, plantées là sur les collines et enlaidissant le paysage. On a l’impression en plus que ces bâtiments neufs et très laids sont totalement inhabités…

Nous nous laissons descendre vers la ville qui ne nous semble pas très belle. Dans le centre nous trouvons un hôtel pour passer la nuit. Une bien belle journée se termine. On a pédalé dans le bonheur total... et on ne regrette pas notre taxi de ce matin...

dimanche 25 septembre 2011

25 septembre : Nallihan - Beypazari ; 60 Km

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Grand beau temps ce matin pour notre départ.

La route monte pendant 3 à 4 km. Puis nous atteignons une sorte de plateau. La route est plutôt rectiligne.

Les paysages font penser aux paysages de western. La terre est aride, dénudée. Le panorama s’étire à perte de vue. Parfois cette vaste étendue est cassée par des rivières qui en ce moment sont complètement asséchées.


De temps à autre on observe des cultures plutôt de légumes, les parcelles cultivées sont aménagées par un système d’irrigation. On aperçoit des femmes dans les parcelles qui mettent en terre des légumes. On est dimanche, mais en Turquie le dimanche dans ces zones rurales semblent un jour comme les autres.
Nous descendons vers une grande rivière où nous pensions nous arrêter pour déjeuner.


Mais nous ne trouvons aucun endroit vraiment sympa pour nous arrêter. Pourtant cet endroit fait penser à un oasis, la verdure ressort de cet univers de pierraille.







Finalement nous faisons un stop à côté d’une fontaine près du village …
Des villageois circulent avec leur tracteur ou viennent à la fontaine se ravitailler en eau. Un homme nous offre un gros melon, un autre nous apporte des noix. La générosité turc de se dément pas.
Nous reprenons notre route toujours dans un paysage de pierrailles.













La route forme comme un long ruban formant comme un grand trait, qui contraste avec la blancheur des pierrailles.

Ce soir après une petite étape, nous restons à Beypazari. Ville de moyenne importance dont le centre s’avère très joli. Beaucoup de petits commerces dans des rues piétonnes, beaucoup de petits restaurants avec terrasse. Cette ville mérite vraiment un détour.





samedi 24 septembre 2011

24 septembre : Tarakli - Nallihan ; 102 Km

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Nous ne savions pas en partant ce matin si nous atteindrions la ville de Nallihan car deux cols nous attendaient et nous ne connaissions pas très bien leurs difficultés. Finalement et au bout de 102 km nous sommes ce soir dans la petite ville de Nallihan.

Ce matin le temps est très beau, il y a un léger brouillard qui se lève rapidement. Il fait encore frais et nous gardons la polaire pour faire les premiers km. La circulation est peu importante et c’est même derrière un tracteur que nous faisons quelques km, bien placés que nous sommes dans son aspiration.
Le paysage de moyenne montagne est très joli. Nous remontons une vallée où poussent des légumes. Un peu avant la ville de Göynuk, un panneau sur le bord de la route nous indique une forte pente durant 7 km.
C’est le début du col de Meyitler. La pente est effectivement assez rude.










Nous pensions nous arrêter nous ravitailler à Göynuk mais ce gros village est en contrebas de la route et nous préférons continuer notre chemin. 












Maintenant les sapins sont très nombreux. On sent que l’on est monté en altitude. 

Bientôt un léger vent de face nous indique que le sommet n’est plus très loin. La pente remonte encore un peu plus puis s’arrondit au sommet. 



L’effort a été rude pour accéder à ce col. 













La descente est rapide. Mais les villages sont rares et il n’y a aucune épicerie pour nous ravitailler. Vers une heure nous arrivons au village de Dedeler où nous trouvons un petit café pour nous restaurer.

La reprise sous le soleil qui chauffe un peu est laborieuse. D'autant que le vent souffle de face sur un faux plat montant. Puis la route de nouveau s’élève plus franchement. C’est le second col qui s’annonce, son sommet se situe à 1270 m. La montée dure près de 15 km, d’abord en faux plat montant puis ensuite la pente s’accentue mais cela est plus facile que ce matin. Progressivement Il fait moins chaud en s’élevant. Les villages sont rares. On a l’impression que ce territoire est désertifié. Simplement au sommet de ce col d'Atyaylasi un peu perdues quelques maisons bordent la route. Au sommet petite halte puis rapide descente il nous reste 40 km à faire pour atteindre Nallihan. Il nous faudra un peu moins de une et demie pour faire ces 40 km alors que notre moyenne ce matin jusqu’au sommet du second col était d’environ 12 km/h, c’est à plus de 35/40 km/h que nous effectuons ce denier tiers du parcours ! L’arrivée dans la vallée de Nallihan est très agréable. La montagne est calcaire. Les petits sommets sont très découpés. Sans doute les prémisses de la Cappadoce.
À Nallihan, petite ville de 25.000 habitants, nous trouvons un hôtel plutôt précaire mais cela suffit à notre bonheur de pouvoir prendre une douche, se restaurer et trouver un lit….

vendredi 23 septembre 2011

23 septembre : Iznik-Tarakli ; 92 Km

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L’orage a grondé toute la nuit. Ce matin, le lac d’Iznik est noir comme le ciel. Il commence à pleuvoir. Nous attendons un peu mais voyant que le temps ne s’améliore pas nous décidons de prendre la route.
Une première partie nous emmène vers la petite bourgade de Mekece distante d’une trentaine de km. La route monte tranquillement jusqu’à une sorte de petit col que nous redescendons à vive allure d’autant que cette portion de route est toute neuve. La pluie cesse de tomber mais le ciel est toujours très couvert. On se croirait, dans un paysage écossais avec les brumes qui s’accrochent aux montagnes et aux lacs que nous apercevons en contre bas.
À la fin de la descente nous cherchons un peu notre chemin car nous voulons éviter la route nationale. Dans un jardin deux hommes sont occupés à faire bouillir une grande marmite. Claude leur demande la direction à prendre pour aller vers la ville de Geyve. Très gentiment ces deux hommes nous confirment que nous sommes bien sur la bonne route. Ils commencent à nous demander d’où l’on vient, où l’on va. Et puis c’est d’abord une bonne grappe de raisin qu’ils nous offrent et ensuite une grande tartine de pain avec une espèce de sauce tomate et bien sûr le thé arrive. Nous sommes assis sur des tabourets dans le jardin. Un peu plus haut sur la terrasse de la maison une femme et sans doute sa fille discutent avec nous. Bien sûr les échanges sont limitées mais la gentillesse et l’hospitalité des turcs sont très grandes. Tout à fait en lien avec tous les récits de voyage que nous avons parcourus.
Ce sont des tomates qui sont en train de bouillir dans la grande marmite. Sans doute ensuite ces tomates ou ce qu’ils en restent seront mises en conserve.

La jeune fille nous prend en photo avec ses parents.
Après nous avoir souhaité un bon voyage, nous reprenons la route vers Geyve. C’est une toute petite route, la première que nous prenons depuis notre départ sur la vingtaine de km que nous parcourons nous croisons seulement un bus et un homme en moto qui s’arrête pour nous demander où l’on va…. Toujours ces gentilles attentions.

Nous sommes en fond de vallée. Ici ce sont beaucoup de vergers qui sont exploités notamment des cognassiers. Les terrains sont bien irrigués, la terre semble riche. Vers 14h00 nous arrivons dans la ville de Geyve où nous allons nous restaurer dans une sorte de "kebab burger" …là encore les deux jeunes qui tiennent ce petit restaurant nous posent plein de questions…ils nous renseignent sur la route à suivre. Quand nous repartons l’un d’entre eux nous accompagne à pied pour bien nous montrer la route.
Cette route maintenant c’est une grande voie très large mais la circulation est modérée. Nous allons grimper pendant pratiquement une quinzaine de km. Un bon dénivelé puisque de l’altitude de 50 m nous allons passer un col à 800 m (c’est l’altitude indiquée sur la carte ; l’altimètre de Claude indique un peu plus de 600 m …)

Nous grimpons sans trop forcer, à notre main, comme l’on dit. Il fait plutôt frais. Le temps est très couvert, parfois quelques gouttes se mettent à tomber. Le vent est plutôt favorable.











La descente se fait à plus de 50 km/h et après une petite remontée nous arrivons à la petite bourgade de Tarakli.



Finalement c’est dans un petit hôtel situé en annexe à une station service que nous passons la nuit.
Demain devrait être une belle journée…la météo nous l’a promise. Nous aurons deux cols à passer l’un à 1180 m ; l’autre à 1250 m mais comme nos cartes n’ont pas de courbes de niveaux ou d’altitudes intermédiaires nous ne savons pas très bien ce qui nous attend….

jeudi 22 septembre 2011

22 septembre : Istanbul – Iznik ; 72 Km


Que du plaisir ! Pour notre première étape sur les routes de l’Asie, nous avons enfin trouvé du plaisir à rouler aujourd’hui. Nous sommes partis d’Istanbul par un ferry qui traverse la mer de Marmara pour atterrir en 1H30 à Yalova. Cette petite traversée nous a évité une pénible sortie d’Istanbul à vélo.  
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À partir de Yalova nous roulons comme il est d’usage ici sur la bande d’arrêt d’urgence de la voie express ; il n’y a pas d’autres solutions car les routes secondaires sont inexistantes sur ce parcours. Ceci dit la bande est très large, le revêtement excellent et nous roulons tranquillement sur la route qui s’élève durant une bonne dizaine de km suivant un % qui varie entre 3 et 6 %. Le vent léger nous est favorable. Les jours de repos à Istanbul nous ont fait du bien. Je ne ressens plus de courbatures. Le pouce gauche qui me posait des problèmes pour pousser la manette permettant de modifier les plateaux a retrouvé de la force. Avant je passais les vitesses avec la paume de la main…
Tout va bien. Le temps est un peu pluvieux au départ. La nuit dernière il y a eu de l’orage sur la région. Ce temps brumeux, nuageux ne nous permet pas de bien apercevoir le relief qui est maintenant celui de moyenne montagne. Nous montons ainsi jusqu’à un petit col pour ensuite nous laisser descendre durant 3 à 4 km à près de 60 km/h vers la ville d’Orhangazi. Cette descente est vraiment magique et grisante. Nous allons aussi vite que les voitures et nous ne sommes pas loin de flasher un radar (la vitesse est limitée à 50 sur une petite portion) belle revanche pour nous sur nos vélos !
À Orhangazi nous prenons la direction du lac d’Iznik que nous allons longer par sa rive Sud durant environ 40 km pour rejoindre en fin de journée la belle petite ville d’Iznik située à l’extrémité Est de ce lac.  


Nous sommes entrés dans une autre Turquie. Le contraste est saisissant entre la turbulente et fascinante Istanbul et cette région rurale où les coutumes et les rythmes de vie semblent immuables…
Vers 13 heures nous nous arrêtons dans le village de Sölöz pour déjeuner. Tous les hommes sont aux terrasses à discuter et à boire le thé. Le chant du muezzin retentit pour l’appel à la prière. Les hommes se lèvent et se rendent à la mosquée durant une vingtaine de minutes. Pendant ce temps nous sommes entrés dans une gargote où une jeune femme nous propose un pide. C’est du pain cuit au four comme une pizza sur lequel on ajoute un peu de viande, quelques légumes en salade…, tout simple. 


Le temps de déjeuner les hommes ressortent de la mosquée, retournent s’asseoir aux terrasses, discutent en sirotant le thé…le temps pour eux semble s’écouler sur ces rythmes lents et obéissant aux rituels religieux.
Après déjeuner, nous allons nous aussi à une terrasse prendre un turkish café. J’aime ce café que j’avais découvert en 1969 lors d’un premier voyage en Grèce. J’avais cru alors que le patron du bistrot avait commis une erreur en laissant le marc de café au fond de la tasse !
Je profite de ce petit moment de pause pour remettre mes pédales à cale pieds automatiques. J’ai en effet acheté une nouvelle paire de chaussures à Istanbul pour pallier la disparition de ma chaussure, sans doute emportée par un chien durant la nuit lorsque nous avions campé à l’arrivée en Turquie il y a quelques jours.
J’aime bien pédaler avec ce type de chaussures ; le mouvement est économique et beaucoup plus relaxant pour la plante des pieds qui pour moi ont une fâcheuse tendance à chauffer à cause d’une mauvaise circulation….on tire sur la pédale et du même coup le pied est libéré, il n’est plus en appui comme pour les pédales traditionnelles. L’inconvénient, en ville il faut faire attention c’est casse gueule et pour marcher il faut les enlever j’ai toujours sur mon paquetage une paire de sandales que je peux enfiler très rapidement.
C’est donc tranquillement et reposés que nous atteignons Iznik. Nous trouvons un hôtel sympa en bord de lac. 

Durant les jours qui viennent nous allons traverser une grande portion, où il sera difficile de se loger. Ce sera soit avec nos tentes, soit peut être chez l’habitant. Les villages seront plus rares.

20 et 21 septembre : Istanbul

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Istanbul est une ville superbe. 
Au croisement de nombreuses civilisations, Istanbul était la première ou la dernière étape de l’une des routes de la soie. Carrefour stratégique entre la Méditerranée et la Mer Noire, Istanbul est la porte d’entrée des échanges commerciaux avec les pays du Caucase. À l’entrée du Bosphore on aperçoit de gros tankers qui vont faire leur chargement de pétrole du côté de la Géorgie. Ce n’est plus la soie qu’on commerce, ce sont les hydrocarbures ou d’autres marchandises. Peut être aussi du blé d’Ukraine…
Carrefour des civilisations, Istanbul irradie de sa splendeur par l’ensemble de ses monuments. Entre la basilique Ste Sophie, la mosquée Bleue ou la mosquée Süleymaniye ce ne sont que des splendeurs à admirer.

De Byzance à Constantinople, cette immense cité devenue Constantinople en 1930 a constitué la troisième grande capitale du monde antique avec Athènes et Rome.

Ce n’est évidemment pas en deux jours qu’on découvre cette ville aussi riche de son passé. Mais en ce court espace de temps on sent déjà son atmosphère particulière qui annonce l’Orient avec ses marchés, ses bazars, ses pâtisseries. On pourrait y ajouter sa joyeuse anarchie si propre aux villes de l’Asie avec la foule bruyante, la cacophonie délirante des klaxons…et puis à intervalles réguliers les chants criards et enregistrés des muezzins. On est ici en pays musulman. Bernard Ollivier dans sons ouvrage « La longue marche » écrit que Mahomet doit se retourner dans sa tombe en entendant ces chants si discordants et si peu harmonieux sans doute très loin de ce que les psalmodies arabes étaient à l’origine…
Mais dans ce pays musulman, se côtoient à la fois des femmes voilées, des jeunes filles en mini jupes ou en pantalon très moulants…ce mélange des genres nous rappellent que la Turquie est un État laïc. 
On sait aussi combien les tensions sont grandes aujourd’hui et combien certains mouvements politiques voudraient radicaliser les pratiques religieuses. Dans la suite de notre voyage en s’enfonçant un peu plus dans la Turquie, nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur les problèmes politiques, sociaux, économiques, religieux auxquels la Turquie est confrontée ainsi que sur la volonté de ce pays d’intégrer l’U.E.
Istanbul se visite à pied, mais aussi en bateau, de multiples navettes permettent de naviguer dans le détroit du Bosphore et comme on le fait sur la Seine à Paris d’admirer la totalité de la ville qui est construite comme Rome sur sept collines. À cheval sur les deux continents la partie européenne est depuis une vingtaine d’années reliées par deux ponts à la partie asiatique.
Passer comme cela si facilement d’un continent à un autre à quelque chose de symbolique dans la volonté de l’humanité de créer du lien qu’il soit, on le sait bien avant tout économique mais aussi social et culturel.






lundi 19 septembre 2011

19 septembre : Gökçeli - Istanbul ; 56 km


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Enfin Istanbul ! 
720 Km seulement de notre point de départ il y a une semaine.  Neuf jours pour faire cette distance avec le vent presque en permanence dans le nez. Et ce n’était pas une petite brise ; jusqu’au bout, jusqu’à l’entrée d’Istanbul nous l’aurons eu contre nous. Un sale vent avec de méchantes bosses à gravir, quand l’une était descendue, il fallait en gravir une autre, et encore une autre. Avec des camions, des bus, des voitures qui parfois nous frôlaient à quelques centimètres nous obligeant à parfois nous jeter sur le bas côté au risque de la chute. Ils sont très sympathiques les turcs ; ils nous encouragent d’un petit coup de klaxon ou d’un petit signe de la main, mais cela ne les empêchent pas d’avoir des conduites dangereuses à notre égard.
Mais qu’est ce que je suis venu faire dans cette galère ? Combien de fois je me suis demandé ce qui nous entraînait à venir sur ces routes souvent inconfortables, dans des paysages pas vraiment très beaux. À affronter ce vent et ces longues côtes parfois sous un soleil brûlant. Heureusement Claude était là. Tout seul j’aurais jeté mon vélo dans le fossé, je n’aurais pas eu le courage d’aller au bout. J’ai sans doute des jambes plus fortes que Claude mais lui a un mental bien plus fort et c’est cela qui compte !
Enfin voilà nous avons rejoint notre première grande marque du parcours. Notre premier grand jalon. L’ancienne Constantinople s’offre à nous. 
Encore qu’avant de pénétrer dans cette mégapole qui s’annonce au loin par des grandes barres d’immeubles et que l’on devine par sa banlieue dont les collines sont hérissées de minarets. Il nous faut trouver la porte d’entrée pour les vélos. À une trentaine de kilomètres au sommet d’une énième côte escaladée toujours face au vent et après nous nous être arrêtés boire un thé et manger un morceau, la route devient une autoroute et nous voilà partis sur la bande d’arrêt d’urgence….c’est la seule voie possible. Comme par miracle le vent commence à nous être favorable, on file un bon trente à l’heure, ça roule comme sur du billard mais progressivement le flux des voitures augmentent…les bretelles d’accès sont de plus en plus nombreuses….continuer devient un jeu dangereux. Comment sortir de cette impasse ? Coup de chance sur notre gauche nous apercevons ce qui ressemble à un RER. Une passerelle traverse l’autoroute. Nous n’hésitons plus. On s’arrête, nous enlevons nos sacoches. 
On monte les escaliers, on redescend de l’autre côté ; ça fait beaucoup de transbordements et vraiment avec encore de la chance ce métro autorise les vélos aux heures creuses. On passe les vélos et l’ensemble du paquetage au dessus des tourniquets et voilà après une bonne demi heure nous sommes presque dans le centre de la ville. 
Encore un peu de vélo dans la ville, il y a du monde mais ça on sait rouler à vélo dans les villes entre les voitures, les taxis, les bus, les motos…pas de problème…on sait faire…c’est moins dangereux que le périphérique sur lequel on était en train de s’engager. Nous avons réservé un hôtel tout près de la mosquée bleue. À quelques encablures, des milliers de bateaux sont au mouillage en attente du passage du détroit du Bosphore. Nous sommes heureux, ce soir je découvre cette ville que je ne connais pas. Il fait un temps doux, pas trop chaud, les mosquées sont illuminées par le soleil couchant, les pâtisseries orientales s’étalent aux devantures…on les a bien méritées !